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Fiche pratique

Transmission d'entreprise : donation d'actions à un tiers

Vérifié le 02/03/2023 - Direction de l'information légale et administrative (Première ministre)

Les <span class="miseenevidence">actions</span> sont des titres de propriété sur le capital social de la société. Chaque action représente une fraction de ce capital et donne à son détenteur la qualité d'associé (d'actionnaire dans la SA). Ainsi la <span class="miseenevidence">donation d'actions</span> consiste pour un actionnaire (le donateur) à transmettre à un bénéficiaire les droits qu'il détient dans le capital social de l'entreprise. Quelle que soit la forme juridique de l'entreprise, cette opération doit respecter un certain nombre d'étapes.

En principe, la donation d'actions en SAS ou SA est <span class="miseenevidence">libre</span>, la loi ne prévoit aucune procédure d'agrément.

Toutefois, les statuts peuvent contenir des <span class="miseenevidence">clauses spécifiques</span> pour restreindre les possibilités de donations.

Clause d'agrément

La <span class="miseenevidence">clause d'agrément</span> permet de soumettre les donations d'actions à <span class="miseenevidence">l'accord des associés</span>, à l'unanimité ou la majorité d'entre eux.

Dans le cadre d'une SAS, la clause d'agrément peut viser <span class="miseenevidence">tout type de donation </span>d'actions : au conjoint, à un descendant ou ascendant, à un associé, à un tiers.

La violation de la clause d'agrément entraîne la nullité de la donation.

Clause de préemption

La <span class="miseenevidence">clause de préemption</span> offre à l'associé visé un <span class="miseenevidence">droit de priorité</span> pour racheter les actions que vous envisagez de céder.

Ainsi, cette clause vous oblige à proposer la cession de vos actions à l'associé bénéficiaire <span class="miseenevidence">avant toute donation </span>à un conjoint, ascendant, descendant ou tiers, etc.

La violation de la clause de préemption n’entraîne pas nullité de la donation.

Toutefois, vous pouvez être condamné au versement de <span class="miseenevidence">dommages-intérêts</span> en réparation du préjudice causé au bénéficiaire.

Clause d'inaliénabilité

La <span class="miseenevidence">clause d'inaliénabilité</span> empêche la donation d'actions pendant une durée de <span class="miseenevidence">10 ans maximum</span>.

Passé ce délai, les actions ne sont plus immobilisées et peuvent être cédées librement.

Clause d'agrément

La <span class="miseenevidence">clause d'agrément</span> permet de soumettre les donations d'actions à <span class="miseenevidence">l'accord des actionnaires</span>, à l'unanimité ou la majorité d'entre eux.

Dans les SA, la clause d'agrément a <span class="miseenevidence">une portée limitée</span>, elle ne vise que les donations d'actions aux actionnaires et aux tiers. Ainsi, les donations au conjoint, ascendants ou descendant restent libres.

La violation de la clause d'agrément entraîne la nullité de la donation.

Clause de préemption

La <span class="miseenevidence">clause de préemption</span> offre à l'associé visé un <span class="miseenevidence">droit de priorité</span> pour racheter les actions que vous envisagez de céder.

Ainsi, cette clause vous oblige à proposer la cession de vos actions à l'associé bénéficiaire <span class="miseenevidence">avant toute donation </span>à un conjoint, ascendant, descendant ou tiers, etc.

La violation de la clause de préemption n’entraîne pas nullité de la donation.

Toutefois, vous pouvez être condamné au versement de <span class="miseenevidence">dommages-intérêts</span> en réparation du préjudice causé au bénéficiaire.

L'important est de <span class="miseenevidence">vous référer aux statuts</span> pour savoir dans quelle mesure vous êtes libre de céder vos actions.

Dans le cadre d'une donation d'actions, la rédaction d'un écrit n'est <span class="miseenevidence">pas obligatoire</span>.

Le transfert de propriété des actions s'effectue <span class="miseenevidence">par virement de compte à compte</span>.

L'inscription des actions au compte du bénéficiaire rend la donation <a href="https://www.theneuille.fr/guichet-virtuel/entreprises/?xml=R51705">opposable</a> à la société et aux tiers.

En revanche, il est fortement conseillé de constater la transmission par écrit pour des raisons de preuves en cas de litige.

Ainsi, l'acte de donation d'actions mentionne <span class="miseenevidence">les éléments suivants</span> :

  • Identité des parties
  • Nombre d'actions cédées
  • Valeur des actions
  • Mode de paiement
  • Délai de transfert des actions

Objet de la garantie

Contrairement à la vente du seul fonds de commerce, la donation de parts sociales implique la transmission de l'actif, <span class="miseenevidence">mais aussi du passif</span> (les dettes) de l'entreprise.

En tant que donateur, vous cédez vos droits et vos devoirs.

L'apparition de dettes inconnues au moment de la donation est un risque majeur que le repreneur doit éviter pour assurer la pérennité de l'entreprise.

Par <span class="miseenevidence">la clause de garantie d'actif-passif</span>, vous vous engagez à garantir l'exactitude de toutes les informations fournies au repreneur : activité de l'entreprise, comptes sociaux, clients et fournisseurs, charge salariale, prises de participation éventuelles dans d'autres sociétés, litiges en cours, etc.

Cette clause de garantie permet au repreneur de se prémunir contre :

  • <span class="miseenevidence">La découverte d'un passif</span> qui n'avait pas été déclaré au moment de la donation (il doit s'agir d'une dette antérieure à la donation et révélée après la donation)
  • <span class="miseenevidence">Une évaluation erronée de l'actif</span> dont la valeur s'avère finalement inférieure à ce qui avait été convenu

Si l'une de ces hypothèses est confirmée après la donation des actions, le repreneur peut actionner la garantie pour obtenir une <span class="miseenevidence">indemnisation</span> de votre part.

Mentions de la clause de garantie

La clause de garantie d'actif-passif doit contenir les informations suivantes :

  • <span class="miseenevidence">Date de départ</span> de la garantie : la date qui permet d'apprécier l'origine antérieure ou postérieure de la dette.
  • <span class="miseenevidence">Durée</span> de la clause : entre 3 et 5 ans.
  • <span class="miseenevidence">Calcul</span> de l'indemnisation : le pourcentage de la dette que vous vous engagez à prendre en charge. Ce pourcentage peut être décroissant avec le temps.
  • <span class="miseenevidence">Montant plancher</span> de la garantie : le montant à partir duquel la garantie peut être activée.
  • <span class="miseenevidence">Montant plafond</span> de l'indemnisation : le montant maximum à hauteur duquel vous êtes engagé. Vous ne serez pas obligé de payer au-delà.
  • <span class="miseenevidence">Modalités de mise en œuvre</span> : des informations supplémentaires nécessaires pour appliquer la garantie (justification du passif, modalités d'envoi de la demande d'indemnisation, etc.).

Le bénéficiaire de la donation doit enregistrer l’acte de donation auprès du <span class="miseenevidence">service fiscal de l’enregistrement</span> du domicile du bénéficiaire.

Il doit ainsi déposer, sur place ou par courrier, l'acte de donation (en 2 exemplaires) et le règlement des droits d'enregistrement (par chèque ou virement) dans un délai de <span class="miseenevidence">1 mois</span> à compter de la date de l'acte de donation.

S’il s’agit d’un <span class="miseenevidence">don manuel de titres</span> (sans recours à un écrit), le bénéficiaire doit déclarer le don reçu dans le délai de <span class="miseenevidence">1 mois</span> à partir de la date de donation :

  • soit au moyen du service en ligne disponible dans votre espace personnel, rubrique Déclarer. Un <a href="https://www.impots.gouv.fr/sites/default/files/media/srp/plsu/fiches/27_impots_gouv_fr_declarer_un_don_en_ligne.pdf" target="_blank">mode d'emploi</a> est mis à votre disposition.

Service en ligne
Impôts : accéder à votre espace Particulier

Accéder au service en ligne  

Ministère chargé des finances

  • soit au moyen du formulaire n° 2735 accompagné du paiement des droits éventuels, à déposer au service de l’enregistrement du domicile du bénéficiaire

Formulaire
Déclaration de don manuel et de don de sommes d'argent

Cerfa n° 11278

Accéder au formulaire  

Ministère chargé des finances

  • soit au moyen du formulaire n° 2734 permettant le paiement différé des droits, à déposer au service de l’enregistrement du domicile du bénéficiaire. Cette démarche est ouverte pour les dons manuels d'une valeur supérieure à <span class="valeur">15 000 €</span>.

Formulaire
Révélation d'un don manuel d'une valeur supérieure à 15 000 €

Cerfa n° 14579

Accéder au formulaire  

Ministère chargé des finances

Lorsque vous réalisez une donation, l'administration fiscale perçoit des droits d'enregistrement, un impôt appelé <a href="https://www.theneuille.fr/guichet-virtuel/entreprises/?xml=F14205">droits de donation</a>.

Les droits de donation sont payés <span class="miseenevidence">par le repreneur</span>. Toutefois, vous pouvez décider de les prendre <span class="miseenevidence">à votre charge</span>, le montant des droits n'est pas considéré comme un supplément de donation.

Pour calculer cet impôt, le service fiscal de l'enregistrement procède de la manière suivante :

  • Il prend en compte la <span class="miseenevidence">valeur de la donation</span>
  • Il déduit ensuite de cette première valeur le montant des éventuels <a href="https://www.theneuille.fr/guichet-virtuel/entreprises/?xml=R3018">abattements</a>
  • Il applique enfin un <span class="miseenevidence">barème d'imposition</span> à la valeur trouvée. Ce taux varie en fonction du lien de parenté entre le donateur et le donataire.

Le montant de l'abattement et le taux d'imposition varient en fonction du lien de parenté entre le donateur (vous) et le donataire.

 Exemple

Vous donnez à un tiers vos titres sociaux d'une valeur de <span class="valeur">320 000 €</span>, c'est la valeur de la donation. Vous et le bénéficiaire ne partagez <span class="miseenevidence">aucun lien de parenté</span>, ce qui a 2 conséquences :

Ainsi, vous ou le tiers (au choix) devrez payer des droits de mutation équivalent à <span class="valeur">60 %</span> de <span class="valeur">320 000 €</span>, soit <span class="valeur">192 000 €</span> de droits.

Vous pouvez bénéficier de réductions spécifiques supplémentaires dans <span class="miseenevidence">3 cas particuliers</span>.

Pacte Dutreil

La transmission d'entreprises familiales est facilitée par le dispositif Dutreil qui ouvre droit à une <span class="miseenevidence">exonération partielle</span> des droits de donation, à hauteur de <span class="valeur">75 %</span><span class="miseenevidence"> de la valeur des titres transmis</span>.

Autrement dit, seul un quart (<span class="valeur">25 %</span>) de la valeur de l'entreprise sera pris en compte pour calculer le montant des droits de donation.

Le pacte Dutreil s'applique si<span class="miseenevidence"> 4 conditions cumulatives</span> sont respectées :

  • Vous avez conclu avec un ou plusieurs associés un <span class="miseenevidence">engagement collectif de conservation</span> des titres, pour une durée d'au moins <span class="miseenevidence">2 ans</span>. On parle <span class="expression">d'engagement unilatéral</span> si vous êtes associé unique. Cet engagement doit être en cours à la date de la transmission. De plus, il doit porter sur au moins <span class="valeur">17  %</span>des droits financiers et <span class="valeur">34 %</span> des droits de vote de la société.
  • Chaque bénéficiaire de la donation <span class="miseenevidence">s'engage individuellement</span> à conserver les titres pendant <span class="miseenevidence">4 ans</span>. Ce délai commence à courir à l'expiration de l'engagement collectif (ou unilatéral).
  • L'un des bénéficiaires ou l'un des associés signataires de l'engagement collectif doit exercer son <span class="miseenevidence">activité principale</span> ou une <span class="miseenevidence">fonction de dirigeant</span> dans la société pendant <span class="miseenevidence">3 ans</span>. Ce délai commence à courir à l'expiration de l'engagement collectif (ou unilatéral).
  • L'entreprise exerce une <span class="miseenevidence">activité industrielle, commerciale, artisanale, libérale ou agricole</span>. Cette condition doit être satisfaite à compter de la conclusion de l'engagement collectif de conservation de 2 ans et jusqu'au terme des 4 années de l'engagement individuel de conservation par chacun des bénéficiaires.

 Attention :

les entreprises qui ont pour objet la gestion d'un patrimoine mobilier ou immobilier (par exemple, SCI) sont <span class="miseenevidence">exclues</span> du dispositif.

Cet avantage se cumule avec l'abattement auquel a droit le bénéficiaire de la donation compte tenu de son lien de parenté avec vous.

Transmission anticipée

Si vous avez <span class="miseenevidence">moins de 70 ans</span> au moment de la transmission, une réduction supplémentaire de <span class="valeur">50 %</span> des droits de mutation s'applique sur la part taxable de la donation.

Le mécanisme de la transmission anticipée se cumule avec les éventuels abattements et les avantages du pacte Dutreil.

Exonération spécifique aux salariés

Pour favoriser la transmission des très petites entreprises aux salariés, un système d'exonération des droits de donation a été institué.

Cet avantage prend la forme la forme d'un <a href="https://www.theneuille.fr/guichet-virtuel/entreprises/?xml=R3018">abattement</a> de <span class="valeur">300 000 €</span> sur le montant de droits de donation lorsque toutes les conditions suivantes sont réunies :

  • Vous avez détenu les titres pendant <span class="miseenevidence">au moins 2 ans</span>. Aucun délai n'est exigé si vous avez vous même acquis les titres à titre gratuit.
  • Les salariés bénéficiaires sont en apprentissage ou en <span class="miseenevidence">CDI depuis au moins 2 ans</span> et exercent leur activité à temps plein
  • Les salariés bénéficiaires doivent conserver les titres pendant <span class="miseenevidence">au moins 5 ans</span>

En matière de donation d'actions, la modification statutaire n'est <span class="miseenevidence">pas systématiquement obligatoire</span>.

Elle n'est requise que lorsque les statuts fixent la répartition du capital social ou mentionnent l'identité des actionnaires.

Lorsqu'il est nécessaire de modifier les statuts, les modalités de la modification varient <span class="miseenevidence">selon la forme sociale</span>.

Les statuts doivent établir les conditions de leur modification :

  • <span class="miseenevidence">Organe habilité à prendre la décision</span> (président, conseil de direction, assemblée générale)
  • <span class="miseenevidence">Nombre de voix exigé</span>
  • <a href="https://www.theneuille.fr/guichet-virtuel/entreprises/?xml=R37974">Quorum</a><span class="miseenevidence"> exigé</span> (s'il s'agit d'une décision prise en assemblée générale)

 Attention :

en l'absence de précisions dans les statuts, l'accord unanime des associés est requis.

La modification des statuts doit être réalisée en <span class="miseenevidence">assemblée générale extraordinaire</span> (AGE).

Toute modification exige une<span class="miseenevidence"> majorité qualifiée des 2/3</span> des voix des actionnaires présents ou représentés.

La modification des statuts ne fait l'objet d'aucune inscription modificative au RCS, ni d'insertion dans un support d'annonces légales.

 À noter

lorsque la modification des statuts n'est pas nécessaire, il suffit d'inscrire la donation dans le <span class="miseenevidence">registre des mouvements</span> qui répertorie tous les transferts de titres intervenus.